J'ai revu récemment Invictus, ce film où Clint Eastwood retrace un épisode phare dans la construction de la « nation arc-en-ciel » qui tenait tant à cœur à Nelson Mandela. Ce film nous replonge en 1995, un an après sa victoire à l'élection présidentielle d'Afrique du Sud, pendant la Coupe du monde de rugby. On y découvre comment ce grand homme, prix Nobel de la paix, est parvenu à poser une première et énorme pierre dans la construction de cette nouvelle nation bâtie sur le socle de la paix et du pardon.
Après avoir passé 27 années en prison pour avoir poursuivi et défendu un idéal, non pas politique mais simplement humaniste, Nelson Mandela est sorti le 11 février 1990 sans aucune colère envers ceux qui l'y avaient conduit 27 années plus tôt.
Après 27 années enfermé dans une cellule de 6m2 ; 27 années passées à casser des pierres, enchaîné, et à écouter le pas de ses geôliers dans les couloirs, il en est sorti non seulement sans colère, mais qui plus est avec le désir de transmettre un message de paix et d'encourager chacun à l'imiter dans son acte de pardon.
Alors qu'il était isolé, arraché à sa famille et à ses proches, il aurait pu faire le choix de la colère.
Alors qu'il était victime d'une profonde injustice, il aurait pu avoir l'envie de se venger une fois libéré.
Alors qu'on le privait de liberté, il aurait pu décider de réserver le même sort à ceux qui étaient responsables de cette décision et de son maintien en prison pendant près de 30 ans.
Il aurait pu se comporter en despote, attiser la colère en lui et nourrir ce statut de victime au fil de ses longues années de captivité.
Il n'en fit rien. Pourquoi ? Car il savait que ce type de comportement n'aurait pour seul et unique résultat que la destruction et la souffrance.
Nelson Mandela est sorti de prison en homme libre et apaisé grâce au pouvoir et à la force du pardon.
« Le pardon libère l'âme, il fait disparaître la peur. C'est pourquoi le pardon est une arme si puissante ».
Nelson Mandela.
Pardonner ne veut pas dire oublier, ni minimiser les actes causés par autrui quels qu'ils soient. Pardonner signifie simplement accepter que ces actes ont été, et accepter de couper tout lien de colère avec la personne qui en est à l'origine afin de pouvoir avancer, en paix.
Pardonner, c'est avant tout se libérer soi et refuser de s'infliger une souffrance supplémentaire.
Nelson Mandela a pardonné à ses bourreaux car il savait la souffrance que produit la colère et la rancoeur. Il savait qu'il ne pourrait se sentir vraiment libre, dans sa cellule comme à l'extérieur, qu'une fois qu'il se serait affranchi de ces liens de colère si toxiques.
« Le pardon, quel repos ! » Victor Hugo
Six mois après son décès, maman s'est manifestée à moi pour me demander de pardonner à mon oncle. Après avoir compris le sens et la portée de ce message, j'ai moi aussi, dans une autre mesure, pu intégrer la puissance du pardon. Maman est partie sans avoir pardonné. Toute sa vie, elle a voué à ce beau-frère une haine féroce et indélébile, responsable d'une souffrance dont elle n'est pas parvenue à se défaire. Une colère qui l'a consumée. En cultivant ainsi ce sentiment, ce « feu » destructeur en elle, elle s'est empêchée d'avancer, de passer à autre chose, de vivre.
Comments